TienTien and the Temple of Stars

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Alexander N.K. Under Copyright, All Rights Reserved.

Sommaire :

– Introduction.

– L’Eclipse de Tintin.

– D’une éclipse solaire à l’autre.

– Conclusion.

– Sources bibliographiques.

Introduction :

Connaissez-vous TIENTIEN, le frère de TINTIN ? Ce héros moins célèbre a vécu des aventures parallèles qui sont réservées aux curieux passionnés d’astronomie et d’archéologie. L’une d’elles s’intitule “Le Temple des Étoiles”, dans laquelle on retrouve quelques éléments de l’album “Le Temple du Soleil”, où TINTIN utilisa une éclipse solaire pour se sortir d’une fâcheuse situation. Parmi les jeunes lecteurs de cette aventure, il y a eu, sans doute, un certain Éric Aubourg.

Eric Aubourg

Après l’école, Éric Aubourg devint astrophysicien dans la branche du nucléaire. En 1995, pour épater la galerie d’égyptologues qui n’y connaissent pas grand-chose en astronomie, Éric Aubourg déclara dans un article publié par l’IFAO (Institut Français d’Archéologie Orientale) qu’un artefact égyptien contiendrait la représentation imagée d’une éclipse solaire totale. Selon lui, elle aurait été observée à Alexandrie, mais aussi dans le sud de l’Égypte. Voici l’extrait dans lequel il nous fait part de sa découverte à propos du Zodiaque de Dendéra :

Le matin du 7 mars 51 av. J.-C. (pour le calendrier astronomique, l’année – 51 correspond à l’année -50 du calendrier civil), à 11 h 10 précises, a eu lieu une éclipse de soleil, presque totale, à Dendera, précisément à l’endroit où un cercle est représenté sous la constellation des Poissons.

L’éclipse solaire qu’évoque Eric Aubourg, aurait été presque totale, mais c’est une erreur ! Elle fut seulement annulaire, comme l’indique la Nasa avec sa carte ci-dessous que vous pouvez trouver facilement sur le site internet de l’agence spatiale américaine :

Eric Aubourg n’a pas uniquement confondu une éclipse solaire totale avec une éclipse solaire annulaire. Il s’est aussi trompé de lieu , en effet, cette éclipse annulaire n’a jamais pu être observée en Égypte à cette époque-là. Pour bien comprendre l’erreur d’Aubourg, il suffit d’observer sur une autre carte de la Nasa une éclipse solaire totale qui aura lieu le 2 août 2027. Celle-ci sera bien observable à partir de Dendera et Alexandrie. On constate aussi que la bande bleue d’occultation aura un parcours très différent de celui de l’éclipse du 7 mars -50 selon le calendrier astronomique, voici cette autre carte ci-dessous :

Certain-es d’entre vous pourraient avoir un peu de mal à comprendre les cartes un peu techniques de la Nasa. Alors pour les aider, servons-nous de l’éclipse solaire de l’aventure de Tintin dans l’album “Le Temple du Soleil” ou en anglais “The Prisoners of the Sun”.

L’Eclipse de Tintin :

Tout d’abord, il est important de savoir que cet album a été publié en 1949, mais évidemment Hergé a dû d’abord le dessiner. Ce qui lui prenait au moins un an pour chaque aventure. Avant le tome 2 : “Le Temple du Soleil/The Prisoners of the Sun”, Hergé a publié le tome 1 : “Les 7 boules de Cristal”, en 1948, qu’il a commencé en 1947.

Le journaliste Pierre Assouline, souligne dans sa biographie “Hergé” publiée chez Plon en 1998; le désamour qu’Hergé ressent pour son pays depuis 1945. Ce désamour fait suite aux accusations de collaboration forcée entre Hergé et les nazis par l’entremise du journal “Le Soir” qui publia les aventures de Tintin sous l’occupation lors de la Seconde Guerre Mondiale.

Le malaise patriotique d’Hergé dura quelques années au point qu’il tomba en dépression. C’est ainsi que tout en dessinant “Les 7 boules de Cristal”, Hergé pensait quitter la Belgique pour s’installer en Amérique du Sud. Ce qui le décida à un tel déménagement, fût une éclipse solaire totale qui pour lui a revêtu un aspect personnel puisqu’elle eut lieu 2 jours avant la date de son anniversaire qui a lieu le 22 mai.

Cette éclipse solaire totale eut donc lieu le 20 mai 1947 et fût observable à 100 % en un lieu précis en Amérique du Sud, très proche de l’Argentine. Mais Hergé savait qu’un grand nombre de nazis immigrèrent dans ce pays. Certains nazis s’y étaient déjà installés depuis les années 30. Alors Hergé plutôt que de relancer la polémique sur son opprobre patriotique, a préféré rester en Belgique et envoya à sa place TINTIN dans la cordillère des Andes.
Son anniversaire est évoqué, page 53, par Tintin lorsqu’il put choisir la date de son sacrifice, comme on peut le lire ci-dessous :

Au passage, il est amusant avec cette anecdote de découvrir qu’entre ses deux héros, Hergé se percevait sous la personnalité du Capitaine Haddock plutôt que celle de Tintin. Précisons que le Capitaine n’est pas né le même jour que son créateur. Tintin a menti d’où la surprise de son ami. La date fixée, nos deux compères furent emmenés dans un lieu plus agréable que la cellule dans laquelle ils furent placés après avoir troublé la cérémonie de l’Inca.

Le moment venu, dix-huit jours plus tard, le 20 mai 1947, le trio d’amis Tintin, Haddock et Tournesol, fut attaché à des poteaux dans l’attente de leur sacrifice imminent. Page 58, TINTIN s’adressa à l’astre solaire et comme s’il avait le pouvoir de le commander, il le pria de se voiler complètement pour montrer son désaccord à ce sacrifice :

Les yeux écarquillés, l’Inca et son peuple constatèrent que le soleil obéissait au vœu de Tintin, sa lumière fût totalement occultée durant quelques minutes :

L’Inca supplia Tintin de faire revenir la lumière de l’astre solaire. Tenant compte de la durée de cette éclipse solaire totale qu’il avait lue dans le morceau de journal jeté par le Capitaine Haddock. Tintin recommença sa prière, mais cette fois pour que le soleil illumine à nouveau toute la Cordillère des Andes et au-delà.

L’Inca fût si reconnaissant à Tintin, qu’il exauça tous ses voeux. C’est ainsi que les archéologues alités en Europe furent libérés de leur funeste sommeil dans lequel ils furent plongés pour avoir dérobé la momie inca. Le trio d’amis reçut aussi des bijoux et pierres précieuses et ils jurèrent de ne jamais révéler le lieu précise du Temple du Soleil.

Ces deux albums, très agréables à lire, furent écrits et illustrés simplement parce que Hergé avait lu comme Tintin, sur une coupure de presse, qu’une éclipse solaire totale allait avoir lieu. Mais ce qui distingue Hergé d’Eric Aubourg, c’est que le créateur des aventures de Tintin s’y connaissait mieux en astrophysique que lui. En effet, une éclipse solaire totale a lieu seulement en un certain endroit sur Terre et c’est la durée de l’occultation solaire qui détermine son parcours.

Nous allons voir ce processus en détails, en nous aidant de la carte de la Nasa du 20 mai 1947 sur laquelle, on peut voir la bande bleue du parcours de l’occultation solaire sur certains pays :

Sur la carte de la Nasa ci-dessus, on constate que le soleil colorisé en vert est positionné sur l’océan. Cette éclipse solaire totale du 20 mai 1947 a duré, en tout et pour tout, 5 minutes 13 secondes. Durant cette durée, la Terre tournant sur son axe et autour du soleil, a plongé dans l’obscurité totale uniquement les pays se trouvant dans la bande bleue. Les pays très proches de cette bande bleue, ont été plongés dans l’obscurité seulement de manière partielle et les pays plus éloignés, eux, n’ont subi aucun effet, durant les 5 minutes où le Soleil fût totalement occulté à partir de 13 heures 48.

Autrement dit, l’occultation complète du soleil laquelle Tintin et tous les protagonistes présents assistèrent ne s’est pas juste déroulée au-dessus de leur tête, elle fût observable même en Centre Afrique. Si vous préférez les images aux mots, voici l’illustration de cette éclipse solaire totale du 20 mai 1947 montrée par l’excellent travail de l’astronome Xavier Jubier, astronome partenaire de la Nasa.

Il est l’auteur d’un logiciel spécifique aux éclipses solaires sur une période de 5000 ans. Même la Nasa le remercie (Voir tout en bas sous le mot Acknowledgments) pour l’excellence de son travail, comme on peut le voir ci-dessous :

Voici ci-dessous le travail de Xavier Jubier nous montrant sous la forme d’un planisphère le parcours et la position du soleil de la carte de la Nasa à propos de l’éclipse solaire totale du 20 mai 1947 :

Grâce à Xavier Jubier, nous pouvons dorénavant très facilement savoir à l’avance quels pays qui peuvent et quels pays qui ne peuvent pas observer une éclipse solaire selon le parcours de l’astre solaire vu de la Terre.

Vous pensiez que nous avions déjà fini avec Tintin, pas du tout ! Nous allons voir cette fois quel fût le parcours géographique du héros à la houppe et de son ami le fumeur de pipe et buveur de whisky. Dès leur arrivée à Lima, capitale du Pérou. Rappelez-vous, page 23 lorsque Zorrino le vendeur d’oranges est sauvé par TINTIN du mauvais traitement que lui font subir de grosses brutes. Zorrino ayant entendu que nos deux compères cherchaient le professeur Tournesol, propose à Tintin de le guider jusqu’à lui.

Le périple commença à Jauga à quelques heures en train du village de Callao près de Lima. Ils descendirent en passant par une montagne rocheuse et ensuite à travers une montagne enneigée. Puis à travers une jungl, il se termina dans la chute d’eau d’une montagne rocheuse. Cette expédition vers le sud prit plusieurs jours. Voici une carte pour vous mieux visualiser ce parcours :

En zoomant sur le sud du Pérou, près de la frontière avec le Chili, voici les données que la Nasa nous transmet par l’intermédiaire du travail de Xavier Jubier, lorsqu’on se rapproche de la bande du parcours ou d’occultation solaire :

Aux environs de la frontière entre le Pérou et le Chili, le taux d’obscurcissement (ou obscuration en anglais) du soleil par la lune atteint déjà 78 %. Ce qui est déjà une valeur suffisante pour observer une éclipse. Mais pour qu’elle soit observée de manière totale, il faut encore descendre cette fois vers la frontière entre le Chili et l’Argentine :

En dessous de la mention Chili, comme on peut le voir ci-dessous, on atteint cette fois 93%. Davantage, on se rapproche de la bande  tracée par la Nasa et le logiciel de Xavier Jubier et davantage le pourcentage d’obscurcissement augmente si on veut atteindre les 100 %, comme on peut le voir ci-dessous :

Les lecteurs des aventures de Tintin, ont cru que le héros des jeunes de 7 à 77 ans a vu l’éclipse solaire totale au Pérou, mais c’est en Argentine au milieu de la bande qu’on a pu l’observer. Les Péruviens près de la capitale Lima étaient trop éloignés. Le journaliste Pierre Assouline n’exagérait pas, Hergé avait bien l’Argentine en tête.

Le taux d’obscurcissement d’une éclipse solaire doit donc toujours dépasser minimum 65 % pour observer une éclipse solaire partielle, 88 % pour observer une éclipse solaire annulaire et 100 % pour observer une éclipse solaire totale. Avec l’exemple de l’éclipse solaire totale du “Temple du Soleil”, il est dorénavant extrêmement facile pour tous de situer, sur un planisphère, où une éclipse sera la plus observable grâce au logiciel en ligne de Xavier Jubier.

Maintenant que vous saurez très facilement décripter une carte de la Nasa, revenons à l’éclipse solaire annulaire du 7 mars -50 BCE à 11 h 10. Nous allons voir qu’Eric Aubourg a eu tort d’affirmer qu’elle est sculptée sur l’artefact égyptien nommé “Zodiaque de Dendera” parce que selon lui, elle aurait été observable aussi en Égypte, à Alexandrie et à Dendera.

D’une éclipse à l’autre :

Il ne s’agit pas ici de diminuer le niveau en matière d’astronomie de l’Égypte antique, mais de vous démontrer qu’il ne faut pas forcément faire confiance à tous ceux qui confondent astrophysique et archéologie. Ce sont deux matières très différentes, qui nécessitent des années d’études et une maîtrise pour chacune d’elle. Comme on ne peut pas demander à un plombier d’être chirurgien, on ne peut pas s’improviser astronome lorsque, comme Eric Aubourg, on a été astrophysicien dans le domaine du nucléaire.

À cause de lui, c’est toute une profession qui pâtit de son amateurisme en matière d’éclipses, comme nous pouvons le voir ci-dessous avec la position de la bande d’occultation sur la Google map du jour de cette éclipse solaire antique :

Du premier coup d’oeil, même un enfant constaterait ci-dessus qu’il est impossible pour l’Égypte d’avoir pu observer cette éclipse. Mais nous allons procéder de la manière sérieuse et scrupuleuse que nous avons analysé l’éclipse solaire du 20 mai 1947 de l’album Tintin. Première constatation donc, parmi les pays que la bande orange traverse, l’Égypte n’en fait pas partie. Zoomons sur la Terre des Pharaons afin de situer précisément où se trouve la ville d’Alexandrie pour découvrir le taux de pourcentage d’obscurcissement du soleil à partir de ce lieu :

En prenant la précaution de positionner la pointe de la fenêtre des données légèrement au-dessus pour ne pas cacher la mention “Alexandrie”. On peut lire que le taux d’obscurcissement près de la côte est de 34%. Maintenant que l’on a situé la ville d’Alexandrie, posons la pointe de la fenêtre sur le point blanc indiquant l’emplacement précis de l’ancienne capitale de l’Égypte antique :

On peut lire dans la fenêtre des données que le pourcentage est passé de 34% près de la côte à 32.300 % si on accoste à Alexandrie. Avec un si faible taux d’occultation, jamais aucun Égyptien vivant à Alexandrie en -50 av.EC n’a pu observer cette éclipse solaire puisque nous l’avons vu, il faut minimum 65 % d’obscurcissement pour observer une éclipse partielle.

Nous pourrions nous arrêter là, mais prenons quand même la peine de naviguer sur le Nil pour rejoindre le Temple de Dendera qui se trouve plus au sud, près de Qena. Ce Temple, communément nommé Temple d’Hathor se trouve dans la boucle du fleuve Nil, près de la ville de Louxor :

On constate ci-dessus que le taux d’obscurcissement est passé de 32% à Alexandrie à 17.576 % avec la pointe du tableau légèrement au-dessus de Qena. Mais si on pose la pointe de la fenêtre sur le point blanc, on constate que le pourcentage baisse jusqu’à  16.742 % comme on peut le voir ci-dessous :

16.742 % suffisent pour rendre aveugle l’Egyptien antique de Dendera qui aurait eu le malheur de regarder directement le soleil le 7 mars 50 av.EC. Il aurait aussi perdu la vue, s’il avait vécu à Alexandrie. Difficile, dans ce cas, de sculpter un zodiaque ou de faire quoi que ce soit d’autre !

Si nous questionnons Xavier Jubier, membre également de l’UAI (Union Astronomique Internationale) à propos du contenu soi-disant astronomique du PDF d’Eric Aubourg, voici ce qu’il nous répond :

Bref, beaucoup trop d’approximations… une grande prise de liberté avec les événements astronomiques pour être poli. À mon avis, ce n’est pas très sérieux !…

Le plus loufoque, c’est que le musée du Louvre a repris la datation fantaisiste d’Eric Aubourg et l’offre aux visiteurs et aux enfants du Monde jusqu’à nos jours :


Il est écrit dans l’encadré ci-dessus : “Deux éclipses sont localisées à l’endroit précis où elles ont eu lieu : solaire (7 mars de l’année 5, 11 h 10) et lunaire (25 septembre 52, 22 h 56)“.

Le plus célèbre musée du monde a fait appel ou plutôt a fait confiance à un imposteur qui n’a aucun respect pour l’astronomie. E. Aubourg n’a pas eu le courage, depuis plus de 25 ans, de corriger cette erreur astronomique au sens propre et au figuré. Des millions de visiteurs, à cause de lui, sont sortis du Louvre, moins instruits qu’ils étaient avant d’y entrer.

En ce qui concerne l’éclipse lunaire, Eric Aubourg s’est aussi trompé, elle n’a pas eu lieu le 25 septembre 52 av.EC mais le 26 septembre. Mais peu importe la date, puisqu’il ne s’agit pas d’une éclipse lunaire mais de la représentation antique de la galaxie M31 mieux connue sous le nom de galaxie d’Andromède. On peut lire à partir de ce lien, une longue enquête pleine de rebondissements.

A propos des deux personnages qu’Eric Aubourg a interprétés comme étant la représentation d’une éclipse solaire, il s’agit en réalité de deux constellations qui au fil des siècles ont été oubliées, mais on peut les redécouvrir à partir de cet autre lien.

Eric Aubourg a vraiment été aveuglé par la brillance de l’étoile Sirius comme on peut le lire à partir de cet autre lien, mais la moindre des choses serait qu’il remplace à ses frais le panneau explicatif du musée du Louvre et qu’il présente publiquement ses excuses à tous les visiteurs qu’il a abrutis à cause de son manque de sérieux.

Conclusion :

Après cette enquête, on sait dorénavant que l’artefact égyptien, que l’on nomme vulgairement “Zodiaque de Dendera”, n’affiche pas une éclipse solaire totale. Mais cette erreur de datation est quand rmême indiquée sur le site de la Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais, soutenue par le Ministère de la Culture. En tant que héros belge, Tintin et TienTien savent que le grand problème de la France est son chauvinisme. Elle préfère nier le sérieux de l’astronomie en préférant croire le délire d’Eric Aubourg qui s’est fait passer pour un expert de l’astronomie égyptienne.

Cette erreur est reprise aussi sur des sites officiels, que de jeunes étudiants répéteront, comme des perroquets lorsqu’ils auront consulté Wikipédia qui reprend telle qu’elle la théorie d’Aubourg. Ce qui démontre qu’on a tort de faire confiance, en général, à cette encyclopédie en ligne. Rares sont les articles de Wikipédia écrits par des experts parce que, la charte de Wikipédia stipule qu’il est préférable de confier la rédaction des articles à des amateurs qui en général ne font que copier-coller de textes trouvés sur la toile Internet, qu’ils remodèlent afin de ne pas s’acquitter des droits d’auteurs. La particularité de Wikipédia est que ses rédacteurs ne sont pas, contrairement à ce que l’on croit, les internautes.

Cet idéal du début a été remplacé depuis longtemps par une autorité consistant à transmettre le pouvoir rédactionnel à celui qui gagnera une controverse sans aucune compétence acquise entre rédacteurs. Tous les moyens sont bons pour convaincre les participants, jusqu’à celui de se faire passer pour un vieux professeur à la retraite. Aucun document officiel indiquant cette affirmation n’est exigé. Par contre, si on prétend preuve à l’appui qu’on est un expert, on a perdu, car la charte de Wikipédia stipule qu’on ne peut pas faire son auto-promotion. Ce qui pour un expert est impossible, comment peut-il prétendre être expert s’il ne montre pas ce qu’il a écrit au travers de ses recherches ou son étude ?

Et que dire des logiciels IA comme ChatGpt qui se servent de Wikipédia pour répondre aux questions posées, mais aussi pour rédiger des articles à votre place. Un grand nombre d’utilisateurs l’ignore, mais la charte de Wikipédia stipule qu’il est préférable de confier la rédaction des articles à des amateurs qui en général ne font que copier-coller de textes trouvés sur la toile Internet. Qu’ils modifient afin de ne pas s’acquitter des droits d’auteurs. Lorsqu’ils trouvent un article libre de droits comme celui d’Eric Aubourg, ils ne vérifient pas si le contenu contient des erreurs. Il est copier-coller tel quel.

Ce que Wikipédia ignore est que l’article d’E. Aubourg fût destiné à l’intention exclusive des adhérents de l’IFAO ( Institut Français d’Archéologie Orientale dont Eric Aubourg est actuellement membre du conseil d’administration ! ). Publier son travail en interne a permis à Eric Aubourg de convaincre des égyptologues qui n’y connaissent pas grand-chose en astronomie. Par contre, s’il avait publié son article dans un magazine astronomique, en soumettant sa théorie à un comité d’astronomes, ce comité se serait moqué de lui comme rarement on peut se moquer d’une personne qui a vraiment cru que le soleil pouvait lui obéir.

Pour terminer cette conclusion, on ne peut pas ne pas évoquer la pétition lancée, en 2022, par le célèbre archéologue Zahi Hawass qui prétend que le Zodiaque de Dendera fût volé à l’Egypte. Il ne s’agit pas là d’une affabulation, cet artefact a bien été volé. Pour en savoir plus sur ce vol, il suffit de lire le livre de M. Saulnier Fils, intitulé : “Notice sur le voyage de M. Lelorrain en Egypte” publié en 1822. Dans cet ouvrage, est décrit comment le Zodiaque de Dendera fût acheminé jusqu’à Paris après le vandalisme du plafond de la salle est où il était fixé, sur le toit du Temple des Étoiles, communément appelé Temple d’Hathor. On y lit tous les détails de ce vol, le comble est que le musée du Louvre semble ne pas vouloir tenir compte de ce livre qui n’est pas un roman. Le Louvre prétend sans aucune preuves que cet artefact est un cadeau officiel fait par le Pacha Ottoman Méhémet Ali au roi de France Louis XVIII.

Le livre de Saulnier dans la main comme preuve indiscutable du vol du Zodiaque de Dendera, Zahi Hawass pourra assurément gagner son procès, parce que lorsqu’on lit le livre de Saulnier, on apprend que le Pacha Ottoman ignorait tout de cette pierre et de sa valeur astronomique. Il était trop occupé à mater la rébellion des Mamelouks. En réalité, après le vol, cet artefact fût vendu au roi Louis XVIII, par le Français M.Saulnier, pour la somme de 150.000 FF soit plus d’un demi-million d’euros. Comment être sûr que le musée du Louvre devra retourner cette pierre en Egypte ? Parce que cette pierre fût brisée lors de son arrivée en France, il s’agit là ni plus ni moins d’un acte de vandalisme des plus graves. Mais ce qui contribuera le plus largement à sa récupération, c’est la négligence créée par la datation d’Eric Aubourg. On ne peut pas exposer éternellement un artefact antique dont on se moque ouvertement, c’est anti-archéologique et irrespectueux. Tant à l’égard du sculpteur, que de la culture égyptienne antique.

 Zahi Hawass devra faire un choix entre la Pierre de Rosette, qui elle n’a pas été ouvertement volée, il n’aura qu’une seule pierre. Souhaitons que ce soit celle du Zodiaque égyptien. Parce qu’il est non seulement unique en son genre dans sa forme, mais aussi parce qu’il affiche la plus ancienne version des constellations. La Mésopotamie et la Grèce s’en sont inspirées jusqu’à ce que les Latins de la Renaissance les remplacent par les personnages issus de la mythologie qu’on nous impose jusqu’à aujourd’hui.

Cette latinisation ou grécisation des constellations est anti-astronomique, parce que ce qui n’est pas observable n’est pas scientifique. On aura beau superposer des dessins figuratifs sur les étoiles pour donner l’illusion que les constellations ont été créées par Jupiter ou Zeus. Cette tentative restera vaine puisqu’il est réellement possible d’observer les astérismes tels qu’ils sont et non pas tels qu’on veut qu’ils soient. Cette tentative qui consiste à entretenir le mythe, plutôt le conte pour enfants en bas âge, que l’astronomie a pour berceau la Grèce antique. Denis Savoie, historien des sciences, nous invite à nous méfier grandement des charlatans qui ont eu une chaire à l’Académie, en particulier, Française, lorsqu’on parle d’astronomie.

Sources bibliographiques :

– Pierre Assouline, “Hergé”, chez Plon, publié en 1998.

– Hergé, “Le Temple du Soleil”, chez Casterman, 1948.

– Eric Aubourg, “La date de conception du zodiaque du temple d’Hathor à Dendera”, chez IFAO, 1995.

– Index for Five Millennium Catalog of Solar Eclipses, Nasa.

– IAU/UAI, Administration, members.